Le collectif Libr'écrire est actif depuis de nombreuses années à Lubumbashi. Il n’a pas de date précise de fondation, mais peut compter sur une solidarité de longue date et une collaboration alternante entre divers écrivains et poètes, conteurs et orateurs. Lors des réunions régulières ils partagent leurs œuvres. Ils organisent également des présentations publiques de leurs textes, lus par des comédiens, poète-slam ou chanteuses. Entre eux, ils déclament leurs textes. Leurs liens sont plutôt informels, il n’y a pas de liste d’affiliation. Souvent, ils travaillent à une demi-douzaine, mais à certaines occasions des dizaines de talents littéraires les rejoignent. Les écrivains du collectif ne partagent pas tous la même langue maternelle et le français, langue véhiculaire, a un statut ambigu. Libr'écrire regroupe des auteurs très variés : trois d’entre eux s’impliquent davantage au développement des visions et des perspectives d’avenir pendant les activités avec les jeunes Bruxellois et les Lushois.
Sinzo Aanza est le nom de plume de Claus. Ce jeune écrivain, né en 1990 au pied du volcan près de Goma, profite de l’échange avec les explorateurs Maono pour se pencher sur l’arrière-plan de son roman. Il propose également le poème traduit d’abord par les explorateurs sur place et ensuite traité par un traducteur professionnel en Belgique. Depuis l’âge de quinze ans Claus écrit des poèmes, des nouvelles et deux romans. Une de ses pièces de théâtre est mise en scène et une de ses nouvelles publiée dans le recueil "Chronique du Congo". Avec son imagination inégalable, Sinzo Aanza relie aisément technologies nouvelles aux traditions, il nourrit ses racines à la source de l’avenir.
Aurore
Aurore
Vernie de toute salive
De toute larme
La force de nos rêves t’a nouée dans nos regards
La fumée qui fuse de tes teutons avenants
N’a pas irrité l’ardeur de nos yeux
Ni a profusion du purin qui dégouline de tes pores
Ni le feu qu’accompagnent tes soupires dans nos lits
Ni l’eau qui monte dans ton ciel comme un serpent
Ni le crachat, ni la cartouche
Ne viendront à bout
De notre choix de rester
De nous aimer ici
Et de narguer les tremblements de la montagne
Qui reluque nos ébats
Avec la rage sismique
De notre jouissance
Sur ces pierres
Noires comme nos cheveux
Nous avons assis nos fantasmes et nos désirs
Nos délires en nos raisons
Nous avons construit plus d’une vie
Inventé des lunes et des océans
Chaque fois que des bras infinis nous ont barré la route
Chaque fois que des pieds bottés ont marche sur nos rêves
Sur ces pierres
Noires comme nos prunelles
Nous avons arrêté de chanter pour un dieu que ne nous connait pas
Demain sera
Nous le jurons sur nos fantasmes et nos désirs
Demain vivra
Nous le signons sur nos délires et nos raisons
Ce sera la caresse du crachin
Dans nos jardins qui poussent sur la pierre
Ce sera nos cœurs sur un pétale
Sculpté dans la lave
Nous serons une ile laiteuse
Une lave froide dans la tourmente des cratères
Nous serons une rosée
Sur la cendre perfectible des mots qui n’auront servi à rien
Demain sera
Avec l’éclat de deux soleils dans yeux
Nos salives et nos larmes
Ne vont pas arrêter
De te vernir
AuroreClaus Sinzo Anzaa